Jean Sgard (1891-1966)


Élu membre titulaire de la Société d’émulation en 1949

 

Jean Sgard est né à Abbeville, le 21 mars 1891. Son père tient une entreprise de plomberie-zinguerie et il est destiné à continuer le métier de son père. Il va à l’école communale jusqu’à ses treize ans puis commence à travailler avec son père pour la pose de toitures et de gouttières.


Inscrit à l’école des Beaux-Arts d’Abbeville, il suit les cours de Marius Martin lorsque son père n’a pas besoin de lui. « Je trouvais M. Martin devant un chevalet avec ses pinceaux, devant une planche de bois ou de cuivre avec ses burins. Il m’installait devant un modèle, puis s’asseyait à côté de moi.1» C’est ainsi qu’il s’est formé à l’art.


Après la guerre de 1914-1918, il ouvre une bijouterie située à l’angle de la place Sainte-Catherine et de la rue de la Boucherie. Son épouse tient le magasin et il travaille dans son atelier au premier étage de la maison. Il y réalise, lorsque les travaux de la bijouterie lui en laisse le temps, des travaux d’orfèvrerie d’étain modernisés : pots d’étain, pichets à cidre, services de fumeurs, plats décoratifs, bonbonnières… Il obtient une médaille d’argent à l’exposition internationale des Arts décoratifs de 1925.


En 1936, il obtient le titre de meilleur ouvrier de France au concours de l’exposition nationale du travail.


Lors de l’Exposition internationale de 1937, un grand prix lui est décerné pour l’ensemble des œuvres présentées : objets d’étain et fonts baptismaux destinés à l’église Saint-Jacques d’Abbeville.

 

Il est cependant à souligner que Jean Sgard ne réalise pas seulement des travaux d’orfèvrerie. Il pratique aussi l’eau-forte, le monotype, la pointe sèche ainsi que l’aquarelle et la peinture à l’huile, le dessin et la gravure sur fil de bois. Il donne la priorité au burin « qui va vers le cœur »2. Il illustre nombreuses brochures et des livres. L’un d’eux, illustré de vingt vues de la ville avant 1940, Abbeville, ville d’art et ville martyre, est offert à Vincent Auriol et au général De Gaulle lors de leur venue à Abbeville.

 

Jean Sgard est décédé le 1er novembre 1966, ses œuvres méritent d’être mieux connues, nous en sommes convaincus.

 

Notes

[1] Citation extraite de la revue L’Art sacré, octobre 1937, article de Jacques de Wailly, p. 97-98. Cet article donne des renseignements très utiles pour la connaissance de Jean Sgard, en particulier en ce qui concerne les saints et les scènes représentées sur le couvercle. On peut le consulter à la Bibliothèque municipale d’Abbeville, cote 20798 et nous nous y sommes référés pour cette étude.

 

[2] Propos rapporté dans l’Hommage à Jean Sgard, par Camille Vacavant, Bulletin de la Société d’émulation d’Abbeville, T. XXII, années 1967-1970, p.9-13.


Les fonts-baptismaux de l’église Saint-Jacques d’Abbeville

Vue d’ensemble des fonts baptismaux avec une note autographe de Jean Sgard
Vue d’ensemble des fonts baptismaux avec une note autographe de Jean Sgard

Dans un premier temps, nous évoquerons les fonts baptismaux de l’église Saint-Jacques d’Abbeville, dont la cuve a été installée provisoirement dans l’église du Saint-Sépulcre à la demande de la paroisse à l'occasion des fêtes de Pâques 2013. Le couvercle est en attente de restauration.

 

 

Les fonts baptismaux créés par Jean Sgard sont inscrits au titre des monuments historiques depuis le 14 août 1981. [La fiche en ligne du Ministère de la Culture mentionne  par erreur qu'ils sont en marbre et datés du XVIIIe siècle alors qu'il n'y avait pas de fonts baptismaux correspondant à cette description dans cette église.]

 

    Jacques de Wailly, qui connaissait bien Jean Sgard, a publié un article dans la revue L’Art sacré (octobre 1937, p. 97-98) ) dans lequel il précise que cette œuvre avait été commandée à Jean Sgard par M. [Paul] de Mautort qui avait décidé d’offrir à l’église Saint-Jacques d’Abbeville des fonts-baptismaux. Le devis a été dépassé et l’artiste contribua ainsi à ce don pour l’église de sa paroisse où il avait été baptisé quarante-six ans auparavant. [Paul de Mautort avait également offert à l’église Saint-Jacques des lustres qui ne semblent pas avoir été conservés lors de la destruction de l’église.]

 

      L'auteur indique le nom des saints représentés.

Quatre personnages d’étain en haut-relief sont appliqués sur le fond octogonal de cuivre : saint Jacques, patron de la paroisse, saint Paul, sainte Élisabeth, saint Robert, prénoms en usage dans la famille du donateur. Huit scènes gravées sur cuivre, remplissent les arcatures du couvercle : le Baptême du Christ, le Baptême de Clovis, la Conversion de saint Paul, saint Jacques en Andalousie, saint Robert bâtissant la Chaise-Dieu, etc.

 

En voici une courte description :

    


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sainte Élisabeth de Hongrie
Sainte Élisabeth de Hongrie

    Il s’agit ici de sainte Élisabeth de Hongrie, et non de sainte Véronique comme cela a parfois été dit. Cette dernière n’est jamais représentée avec une couronne alors que sainte Élisabeth de Hongrie porte une couronne sur la tête, ce qui est le cas ici.

     D’autre part, d’après la légende, elle dérobait des victuailles pour les distribuer aux pauvres dans la cuisine du château de son beau-frère chez lequel elle a résidé après son veuvage. Un jour qu'il la rencontra sur son chemin, il lui demanda ce qu'elle cachait sous son manteau. Elle lui répondit qu'elle transportait des roses et les aliments se sont effectivement transformés en roses lorsqu’elle ouvrit son manteau. Scène représentée ici.

      Depuis le XIIIe siècle, Élisabeth est la patronne du Tiers Ordre Franciscain


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saint Paul de Tarse
Saint Paul de Tarse

 

    

    Ce personnage est saint Paul de Tarse, surnommél'Apôtre des gentils. Il tient de la main droite une épée nue, qui évoque son martyr, et de la main gauche un rouleau qui évoque ses épîtres écrits aux différentes communautés chrétiennes du Ier siècle après J.-C. Il a joué un rôle capital dans la propagation du christianisme dans le monde gréco-romain.


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Saint Jacques
Saint Jacques

   

  Saint Jacques est particulièrement reconnaissable aux coquilles dont une se trouve sur son chapeau et les autres sur les broderies de son manteau.

      Il est représenté tenant de la main droite le bourdon de pèlerin qui comporte deux pommeaux superposés, l’un à l’extrémité et un autre plus bas. Ce bourdon est à la fois un outil de marche et une arme défensive contre les animaux et les hommes hostiles. Le saint porte dans la main gauche le livre de la Bonne nouvelle.

 


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Saint Robert
Saint Robert

     Sculpture de saint Robert, représenté en abbé avec une crosse et tenant dans la main gauche les modèles des deux abbayes de Molesmes (Côte d’Or) et de Cîteaux dont il fut le fondateur.

     Abbé bénédictin, il est à l’origine de la construction de l’abbaye de Molesmes qu’il quitta lorsque les mœurs se relâchèrent. Il se fixa alors à Cîteaux pour y établir la vie monastique dont il rêvait. C’est ainsi que naquit l'Ordre cistercien en 1098.

     à la demande des moines de Molesmes, il y retourne en 1100 et les moines acceptent alors de se soumettre entièrement à son interprétation de la Règle de saint Benoît. Il réussit enfin sa réforme et y meurt le 17 avril 1111.

    Pendant ce temps, le monastère à Cîteaux, sous la direction d'Albéric et surtout d’Étienne Harding devient la pierre angulaire du nouvel ordre cistercien qui connaîtra un essor considérable avec l'arrivée de Bernard de Clairvaux.

© Prisca Hazebrouck, 13 octobre 2013

 

Toutes les photos sont consultables : ICI


Étude en cours

Une rubrique qui complète les communications présentées lors des séances publiques de la Société d’émulation.

Favoriser la connaissance du patrimoine a toujours été un des objectifs de notre société. Nous nous proposons de porter les « études en cours » à la connaissance du public à différents stades de l’avancée des travaux. Ces notices sont destinées à être en évolution et ne prétendent en aucun cas être exhaustives.


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