· 

La restauration des clôtures de chœur de la cathédrale Notre-Dame d’Amiens au XIXe siècle



Conférence par  M. Aurélien André, archiviste diocésain, membre correspondant de la Société d’Émulation d’Abbeville

Mercredi 4 juin 2025

Précieux témoignages des usages liturgiques antérieurs au concile de Trente et de la sculpture polychromée de la fin du Moyen Âge, les clôtures de chœur de la cathédrale d’Amiens ont fait l’objet d’une importante restauration entre 1837 et 1848. Les clôtures sud, représentant les scènes de l’apostolat de saint Firmin à Amiens et de l’invention de ses reliques, avaient subi de graves dommages en 1793. Celles dédiées à saint Jean Baptiste, au nord, étaient heureusement mieux conservées.

 

Menés sous l’égide de l’architecte du département de la Somme, Auguste Cheussey (1781-1857), et sous la surveillance scientifique de la toute jeune Société des Antiquaires de Picardie, les travaux de restauration des sculptures et des peintures furent réalisés en deux temps. On confia à Théophile Caudron (1805-1848) et aux frères Aimé (1803-1869) et Louis Duthoit (1807-1874) la restauration des reliefs sculptés entre 1837 et 1839. Faute d’avoir pu retrouver les éléments détruits, ils durent créer plusieurs dizaines de têtes et d’attributs qui furent réalisées en plâtre.

 

À partir de 1843 on s’attacha à la restauration des peintures suivant des conceptions respectueuses de l’état archéologique des décors. Les peintures anciennes furent nettoyées et ravivées et les parties neuves furent peintes et dorées pour être mises en harmonie avec les peintures des XV e et XVI e siècles. Ce travail, exécuté par le peintre amiénois Désiré Lebel (1809-1874), suscita de nombreuses contestations de la part des archéologues locaux et nationaux. Il n’en demeure pas moins que ce chantier établit une étape importante dans l’élaboration des théories propres à la restauration des monuments historiques en France.

 

Les importants dossiers conservés, tant aux Archives départementales de la Somme (sous-série 3 V, travaux aux édifices diocésains), que dans les archives de la Société des Antiquaires de Picardie, nous permettront de saisir la complexité de cette restauration effectuée à l’époque romantique. (AA)