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Peut-on parler de nature sur le littoral picard ?

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Le littoral picard et la Baie de Somme bénéficient d'une popularité internationale quant à la qualité des milieux réputés naturels qui s'y développent. Peut-on cependant parler de nature en ce qui concerne la plaine maritime picarde et ses estuaires ? Si ce n'est pas le cas, doit-on irrémédiablement abandonner tout espoir d'en faire un dernier refuge pour la flore et la faune sauvage, alors qu'ils constituent un site fort attractif pour les résidents des milieux urbains et industriels de la région parisienne, de la basse vallée de la Seine, du bassin londonien, de la Belgique et de la Ruhr ? La conférence proposée par Jean-Paul Ducrotoy tente de dépasser cette fausse problématique en montrant que le concept de nature, souvent opposé à la culture, ne recouvre pas que le sauvage. L'exposé reprend les grands thèmes développés lors de sa conférence de 2015 sur une éco-histoire des renclôtures de la Plaine Maritime Picarde. Elle s’inspire des concepts développés par les philosophes qui se sont efforcés de situer l'humain au sein du monde vivant depuis l'Antiquité. On s'aperçoit alors qu'en Occident la culture chrétienne a voulu répondre aux sollicitations divines de dominer la création au seul profit de l'humanité. Aujourd'hui les choses changent au contact des civilisations orientales et l'apparition d'un nouvel humanisme. Surtout, face aux risques climatiques, les sociétés humaines découvrent les limites du développement industriel et agricole. En France, cette attitude est peu représentée dans le monde politique qui continue à prôner le développement économique sans prendre en considération la capacité de charge des écosystèmes.

 

L'enjeu réside dans la promotion d'un mode de gestion des territoires qui redonne une place universel à la nature. Celle-ci survit au cœur de nos villes et même dans les zones industrielles. En favorisant les moindres caractéristiques naturelles de nos lieux de vie, il existe un moyen de rendre nos régions résilientes face au dérèglement climatique contemporain et à la pollution. La préservation des écosystèmes encore fonctionnels doit cohabiter avec la restauration écologique des habitats dégradés. C'est le fonctionnement de ces systèmes qui intéresse le scientifique. Son souci est de promouvoir une gestion capable de délivrer les services écosystémiques dont ont besoin les communautés locales en termes de ressources naturelles au service d'une industrie et d'une agriculture durables. Les bénéfices à en tirer revêtent des aspects culturels et esthétiques dont les humains ne pourront jamais se passer. (JPD)