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« Souvenirs d'un blessé » : Hector Malot, chroniqueur de guerre engagé

Hector Malot Photographie XIXe siècle. Photographe inconnu.
Hector Malot Photographie XIXe siècle. Photographe inconnu.

Mercredi 6 février 2019, le Rex - Centre culturel d'Abbeville,

Conférence par M. Jean-Paul Grumetz

 

Hector Malot a 40 ans lors de la déclaration de guerre de 1870. Il n'a pas encore publié son célèbre roman « Sans Famille » immédiatement associé au nom du romancier par les lecteurs d'aujourd'hui, mais c'est un auteur connu qui a déjà fait paraître neuf romans. Républicain dans l'âme, il a également un passé de journaliste, en particulier dans des journaux d'opposition où il a signé des articles d'un ton très violent contre l'Empire.

 

Un cahier inédit intitulé « Notes sur la guerre de 70-71 » permet de retracer le parcours du romancier pendant les six mois du conflit. En effet, c'est lors d'un retour de Suisse, où il était allé mettre à l'abri de la tourmente son épouse et sa fille, qu'a germé chez lui, l'idée de rédiger un roman sur le conflit franco-prussien.

 

« Souvenirs d'un blessé » est scindé en deux parties : le premier tome intitulé « Suzanne » évoque les combats de l'armée du Rhin et les désastres militaires jusqu'à la capitulation de Sedan, le second intitulé « Miss Clifton » le Gouvernement de Tours et les combats de défense de l'armée nationale.

 

L'idée de Malot est originale car il fait voyager son héros, à la recherche de son régiment, à travers la France, ce qui lui permet d'insister sur l'insuffisance des préparatifs du côté français, l'incapacité des chefs, la démoralisation des troupes, bref le désordre et la confusion face à la supériorité de l'ennemi. Si les ouvrages historiques fleurissent au lendemain de l'armistice, les romans sont peu nombreux. « Souvenirs d'un blessé » est une des premières œuvres de fiction sur le sujet, même si certains lui en reprocheront la précipitation, dont Zola. Les réflexions personnelles du héros sont calquées sur celles de Malot. Elles sonnent comme de véritables charges contre Napoléon III mais témoignent aussi de sa déception devant les louvoiements de Gambetta.

 

Hector Malot ayant exposé, au jour le jour, ses opinions sur le conflit, interrogeant les soldats et s'entretenant avec les civils, rencontrant préfets, généraux, ambulanciers, ce roman est bien une chronique de correspondant de guerre que Jean-Paul GRUMETZ, membre de l'Association des amis d'Hector Malot, nous contera lors de sa prochaine conférence. (JPG)