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Abbeville au début du XVe siècle Patrimoine bâti et vie économique


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Armoiries de Mathieu de Barbafust, mayeur en 1414                                      © BM Abbeville
Armoiries de Mathieu de Barbafust, mayeur en 1414 © BM Abbeville

Conférence par Mme Raphaële Boinet, Docteur en histoire médiévale

 Mercredi 07 février 2018, 14h30 - Le Rex - Centre culturel

Les comptes des argentiers d'Abbeville ont été détruits lors du bombardement de 1940 : il s'agit d'une lourde perte. Ces registres constituaient une source historique incomparable. Au Moyen Age Abbeville était une ville prospère, un centre de production textile et de tannerie, un port maritime et fluvial, un point de convergence international, accessible par voie d'eau et par voie de terre, puisqu'elle se trouvait sur la voie de l'Océan entre Paris et les grands ports septentrionaux : Boulogne et Calais.

 

À l'origine, il existait une série de comptes rédigés depuis 1365 jusque 1490. Aujourd'hui il ne reste plus qu'un seul registre consultable aux Archives municipales d'Abbeville, à l'Hôtel d'Émonville. Il concerne les années 1413 à 1415, soit deux "mandats" de mayeur.

 

Ce document est d'autant plus précieux qu'il s'inscrit dans un contexte tout à fait particulier. Depuis 1369, le comté de Ponthieu - dont Abbeville est le chef-lieu - est sous l'autorité directe du roi de France. En 1406, Charles VI contracte une alliance entre son fils, Jean de Touraine, et la fille du comte de Hainaut, Jacqueline de Bavière. La dot de son fils est constituée du comté de Ponthieu qui devient un apanage.  Jean n'en prend possession qu'à sa majorité en 1415, puisque le mayeur s’adresse à lui à plusieurs reprises, essentiellement pour solliciter quelques assouplissements financiers. En effet, Abbeville se trouve dans une position délicate : le roi l'a toujours lourdement sollicitée pour financer la guerre contre les Anglais. Or, après une période d'accalmie débutée en 1384, les hostilités reprennent en 1415. La commune tente alors de réduire le plus possible le poids des ponctions fiscales. Dans ce climat guerrier, la ville doit être maintenue dans un bon état de défense et poursuivre ses activités commerciales.

 

Le compte des argentiers, complété par d'autres informations, met en lumière les stratégies de la commune, se trouvant alors dans une situation économique bien fragile. Par ailleurs, en exposant les différents travaux effectués au début du XVe siècle, cette source permet "d'exhumer" un patrimoine bâti aujourd'hui disparu. C'est un autre visage d'Abbeville qui s'offre à nous, bien différent de celui que nous connaissons aujourd'hui. (RB)